Harry Bosch et son double ...
Harry Bosch, c’est le héros de plus de 20 polars de Michael Connelly, une créature attachante que l’auteur a voulu plus âgé que lui de 6 années pour en faire un ancien du Vietnam, un rat de tunnel, tel qu’il apparaît dans le premier roman du cycle : « Les égouts de Los Angeles ».
Et moi, je me passionne pour ses aventures, toujours vouées à la manifestation de la vérité, car selon lui « Tout le monde compte ou personne. » Une devise qui lui a même été empruntée par un politicien véreux dans « Mariachi Plaza ».
Hiéronymus Bosch dit Harry est né en 1950 d’un père qu’il n’a pratiquement jamais connu, grand avocat de la défense et d’une prostituée assassinée alors qu’il avait 11 ans. Balloté de foyer en famille d’accueil, il devance l’appel pour s’engager dans l’armée puis intègre la police de Los Angeles (LAPD). En 1992, dans le premier opus de la série, il est donc âgé de 43 ans et son auteur le fait vieillir en temps réel (comme Bernie Günther de Philip Kerr).
Ses co-équipiers sont souvent sollicités pour rédiger la paperasse, faire les recherches informatiques – il y est assez réticent – et il ne les ménage pas : Kizmin Rider, sa partenaire lesbienne prendra une balle dans la carotide dans « Echo Park », Jerry Edgar, toujours tiré à quatre épingles car il passe son temps libre comme agent immobilier … ou la jeune tireuse d’élite Lucia Soto qu’on lui a demandé de former dans « Mariachi Plaza ».
A chaque affaire qui lui échoit, il s’acharne à retrouver les ressorts ignorés, les indices négligés, comme s’il s’agissait une nouvelle fois de retrouver celui qui a tué sa mère. Sa technique est de relire à fond les dossiers – en particulier le classeur ou « livre du meurtre » afin de tout vérifier plusieurs fois. Il emmène du travail chez lui, quitte à crocheter une serrure pour aller aux informations.
Harry Bosch n’hésite pas à mettre à contribution toutes les ressources disponibles comme les journalistes (Jack McEvoy) ou ses contacts au FBI comme la belle Eléanor Wish qu’il finira par épouser et dont il apprendra qu’il a une fille, la petite Maddie, alors qu’elle a déjà 4 ans … qui est l'héroïne involontaire de "Les neuf dragons", comme aussi Rachel Walling, rencontrée dans Los Angeles River et Echo Park.
Régulièrement confronté avec sa hiérarchie, il se fait de redoutables ennemis lorsque ses supérieurs son corrompus comme le cynique Irvin Irving qui le poursuit de sa haine, jusqu’à un drame qui touchera ce policier devenu élu local dans « Ceux qui tombent ».
Autre thème récurrent dans l’œuvre de Michael Connelly, les émeutes qui secouèrent Los Angeles en 1992 à la suite de l’acquittement par un jury formé de 10 blancs, un asiatique et un latino de quatre policiers ayant passé à tabac un automobiliste noir, Rodney King. Pillages, incendies et crimes ont marqué cette période de folie : plus de 50 morts, 2300 blessés, des milliers d’arrestations, 3600 départs de feu, des dégâts considérables … dont l’évocation jalonne l’œuvre de Michael Connelly.
Poussé par sa hiérarchie à prendre sa retraite en 2002, Harry Bosch devient détective privé et même se résout à travailler pour la défense dans « Jusqu’à l’impensable » pour le compte de son demi-frère Michael Haller, rencontré pour la première fois dans « Le verdict du plomb ». Il repique au LAPD trois ans après au service des affaires non-résolues, mais doit raccrocher définitivement en 2014. Une carrière bien remplie, où le héros ne ménage ni son temps, ni sa vie, tout en restant un homme particulièrement séduisant …
J'adhère aujourd'hui tout à fait à l'interprétation de Titus Welliver dans le rôle de Harry dans la série à succès actuellement visible sur Amazon Prime vidéo. Et surtout, j'apprécie énormément le talent de traducteur de Jean Esch, également traducteur de Don Winslow.