Simone Veil, l'irréductible ...
Comment vous dire notre tristesse ... Claude l'avait rencontrée lors de sa campagne pour les élections européennes, il avait tenté de lui expliquer la mécanique des montants compensatoires monétaires. Il l'aimait infiniment.
Depuis deux semaines que je passe deux fois par jour place Vauban, il n'est pas un instant où je n'ai pensé à Simone Veil, que je savais habiter de bel immeube de forme concave, face à la chapelle des Invalides. Et voici qu'hier matin, j'apprenais sa mort. Et c'est un peu comme si j'avais appris la disparition d'une personne de ma famille.
Ainsi cette femme exceptionnelle avait arrêté son parcours de vie, dans la discrétion la plus totale. Celle qui eut le courage de résister à la barbarie, la force de surmonter le chagrin, eut la clairvoyance de ne pas garder rancune au peuple allemand pour les horreurs nazies mais en fit le crédo d'une union européenne forte pour sauvegarder la paix, celle qui exerça une influence capitale sur le destin des femmes en soutenant un texte abhorré par la partie la plus rance de nos représentants ...
Toutes les femmes de ma génération - et les suivantes - lui doivent quelque chose : une dignité et une liberté que personne n'avait osé défendre avec autant de persévérance et de talent. C'était une combattante, une intransigeante, certains disaient qu'elle avait un foutu caractère : mais avec son matricule 78651 tatoué à 16 ans sur l'avant-bras, elle en avait le droit.
Quelle jolie femme aussi : si belle avec sa chevelure ondoyante et ses yeux verts, toujours tirée à quatre épingles dans ses élegants tailleurs Chanel, si aimante avec Antoine son mari qui la vénérait tout comme ses fils.
Ni de droite, ni de gauche, toujours du côté des opprimés. Une femme de la société civile, dirions nous aujourd'hui, excellente technicienne, qui fut tout de même la première présidente du parlement européen élu au suffrage universel : tout un symbole de l'amitié franco-allemande retrouvée.
A ceux qui ne connaitraient pas son histoire, je recommande la biographie de Maurice Szafran "Simone Veil. Un destin" paru en 1994. Plus que son autobiographie "Une vie" où elle reste très discrète, comme toujours.
Je pense à elle avec une infinie tendresse, un respect immense et la certitude que son exemple inspirera les générations à venir.