Hiroshige, l'art du voyage : exposition à la Pinacothèque de Paris
Je ne pouvais pas retarder d’un seul jour la visite de l’exposition « Hiroshige, l’art du voyage », ouverte depuis hier à la Pinacothèque de Paris !
Moi, et Claude aussi, en sommes si fan, et avons acheté plusieurs tirages de ces fantastiques paysages, des tirages récents, certes (ils datent de 1910), mais réalisés à partir de planches tout à fait proches des estampes originales.
Et je me suis sentie tout à fait en phase avec la présentation de la Pinacothèque, toujours très claire et didactique sans pédantisme.
« Tout le monde en France est persuadé que l’artiste japonais le plus célèbre est Hokusai. C’est une erreur qui amuse beaucoup au Japon. En effet, le Léonard de Vinci japonais n’est pas le maître de La Vague mais un autre qui n’a encore jamais eu l’honneur des musées en France : Utagawa Hiroshige. Pourtant au temps des impressionnistes, Hiroshige est de loin l’artiste qui a le plus fasciné l’ensemble du groupe des jeunes contestataires des Salons.
Depuis, et malgré sa notoriété unique au Japon et dans le monde, la France semble l’avoir ignoré, oublié ou négligé. L’exposition que la Pinacothèque de Paris présente aujourd’hui est avant tout une réparation de cet oubli majeur de la muséographie française puisqu’il n’y a jamais eu d’exposition du Maître d’Edo. »
Pour la première fois en France (ces estampes sont prêtées par le musée de Leyde) est donc présentée une partie significative de l’œuvre de cet artiste né en 1797, mort en 1858, et qui a réalisé notamment trois grandes séries de gravures : « Les 53 étapes du Tokkaïdo », « Cent vues célèbres d’Edo » et « Les 69 étapes du Kisokaïdo », certaines séries ayant été tirées à plus de 15 000 exemplaires. Ce fut un créateur très prolifique, puisqu'on lui attribue plus de 5000 images.
Pour moi, en tous cas, c’est une infinie jouissance de voir « en vrai » des images jusqu’ici uniquement vues dans les livres, dans des couleurs si fraîches qu’on les dirait sorties de presse … Ce que l’on apprend aussi, c’est que le célèbre peintre ne se déplaçait pas vraiment sur le motif : il a beaucoup utilisé des gravures de « guides de voyage » préexistantes … Mais surtout, il maîtrisait parfaitement la perspective dans la manière occidentale, et, en particulier dans la série des Cent vues d’Edo, on est complètement fasciné par la modernité des cadrages et des objets ou décors présentés en premier plan par rapport à la ligne de fuite ….
Un délicieux voyage immobile, parmi les femmes galantes des quartiers réservés, les portefaix, les voyageurs hésitant à choisir parmi les nombreux restaurants se pressant le long de la route, les processions incessantes des daïmyos, les marchés de chevaux dans les hautes herbes, les voyageurs se hâtant sous la pluie, sans oublier les merveilleux paysages cotonneux couverts de neige … avec en appui, une sélection d'objets évoquant le voyage : palanquin, sandales, gourde, oreiller de voyage repliable. Comme je me sens en symbiose avec le Japon !
Hiroshige, l’art du voyage, à la Pinacothèque de Paris, 28 Place de la Madeleine Paris 8ème, 10€, jusqu’au 17 mars 2013.