Le Lotus Bleu, par Hergé
Chaque année, quand je reviens dans mon havre de campagne, je relis mes bandes dessinées préférées.
Et Le Lotus Bleu occupe une place à part. C’est la première histoire de Tintin que j’ai eu sous les yeux, alors que je devais avoir 10 ans, peut être douze. C’était chez un cousin. Je n’avais pas lu la première partie (Les cigares du Pharaon), et ce livre m’a marquée, à jamais. Un premier contact avec la bande dessinée, la technique de la ligne claire. Le scénario est haletant, les gags inoubliables, le graphisme recherché.
Plus tard, j’ai appris que les banderoles agrémentant les scènes de rues, les enseignes, les paravents, ont tous une signification, qu’Hergé a pour ce faire étroitement collaboré avec celui qui devint son ami, Tchang Tchong-jen, qui se destinait, en 1934, à la sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. C’est lui qui met Hergé sur la piste des réalités chinoises : politiques, sociologiques, artistiques, philosophiques. Et surtout historiques. La relation de l’incident de la ligne de chemin de fer est tout à fait conforme à la réalité des faits. La série de cases qui explicite son exploitation en termes de propagande et de prétexte pour le Japon d’occuper la Chine et de quitter la SDN, tout à fait concise et à la portée de tout lecteur. Je m’en suis souvenue lorsque j’étudiais avec ferveur cette période de l’histoire.
Je relis cet album près de 50 ans plus tard. J’en avais oublié la trame. Je suis toujours aussi enthousiasmée. Déjà, Hergé soulève la problématique toujours actuelle du trafic de stupéfiants, des ravages causés, des différences culturelles entre Asie et Occident. Je ne change pas d’opinion, le Lotus Bleu, c’est le meilleur album de Tintin.
Le Lotus bleu est classé à la 18e place des 100 meilleurs livres du XXe siècle.
Editions Casterman, 62 pages.