La source des femmes, film de Radu Mihaileanu
La source des femmes : un titre à double entrée car c'est d'une part, l'eau indispensable à la vie qu'il faut aller chercher très haut dans l'Atlas, par un chemin pierreux et dangereux où on tombe et perd souvent le fruit de ses entrailles, et d'autre part, naturellement, la seule chose que les femmes possèdent en propre : la capacité de donner l'amour.
Ce film est une parabole, un conte des mille et une nuits, placé symboliquement hors du temps - mais on dispose tout de même d'un téléphone portable et, bientôt, de l'électricité. Mais pas de l'eau courante. Et pendant ce temps-là, les hommes se réunissent au café, et regardent les femmes tomber.
Pourquoi ? Parce que ça s'est passé depuis toujours comme ça. C'est la tradition. La séculaire répartition des rôles - les hommes combattants et cultivant la terre, les femmes élevant les enfants et étant à la disposition du plaisir des hommes - a volé en éclats. Il n'y a plus de guerres, et la sécheresse a mis les hommes au chômage. Mais pas les femmes. Elles décident de se refuser à eux jusqu'à ce que les hommes leur apportent l'eau, symbole du mieux-vivre. Sacrilège !
Belles sont ces femmes qui aspirent à la considération et au respect : Leïla Bekhti, Hafzia Herzi, et surtout celle que l'on appelle "le vieux fusil", la superbe Biyouna, si appréciée dans "Viva l'Aldjerie" en 2004.
Leur peau cuivrée, leur chevelure tombant en cascade, leurs yeux rehaussés de kohl, leurs costumes pleins de trous mais de merveilleuses couleurs, leurs chants en forme de déclaration de guerre...
La controverse religieuse est ici subtilement abordée, en soulignant combien l'Islam est source de paix et de respect, en un mot, d'amour. L'Imam est un brave homme, il accepte d'être persuadé de passer du bon côté, les islamistes sont présentés de façon quelque peu caricaturale...Mais enfin, l'histoire se termine bien et tout le monde y trouve son compte.
Un joli film, moins spectaculaire et plus didactique que "Le Concert", mais à voir pour ces paysages et ces chants entêtants.