La passion LIPPI, roman par Sophie Chauveau
Vous savez ma difficulté à "entrer" dans un roman et ma préférence pour tout ce qui raconte quelque chose de vrai - à l'exception de ma passion pour les bons polars !.
Aujourd'hui, je vous parle d'un roman qui a déjoué toutes mes préventions, et qui nous plonge, en un texte parfaitement écrit, dans les couleurs, les fureurs, les flamboyances et les horreurs de la Renaissance italienne, en nous transportant à Florence vers 1450 : La passion Lippi, par Sophie Chauveau.
C'est ma libraire préférée de la rue Saint Dominique qui me l'avait vivement conseillé. Et d'ici quelques jours à peine, l'exposition "Filippo Lippi "s'ouvrira au Musée du Luxembourg : après votre visite aux primitifs italiens, parfaite introduction, il ne vous reste donc que quelques heures pour vous plonger dans la vie extraordinaire de ce peintre transcendant, élève de Fra Angelico et initiateur de Sandro Boticelli.
Sans vouloir "déflorer" le sujet, c'est un destin tout à fait extraordinaire que celui de cet enfant né dans la douleur, dont le talent précoce est détecté par le patriarche Cosme de Médicis, qui le fait élever (?) par les Carmes pour en faire un moine. Fra Filippo Lippi devient en effet un voyou de la pire espèce, qui ne trouve la félicité que dans les bordels.
Il fera des prostituées ses plus tendres modèles, retrouvant sur la toile le chatoiement de leur peau encore moite de l'amour qu'il leur a rendu.
A plus de cinquante ans, sacrilège suprème, Fra Filippo Lippi séduit et engrosse Lucrezia, une nonne, et le petit Filippino né de leur union dans le couvent de celle-ci, qui deviendra à son tour un célèbre peintre, collaborant notamment avec le grand Masaccio et Sandro Botticelli et terminant après sa mort les fresques de la chapelle Brancacci, devient le petit Jésus d'une des plus belles madones de la Renaissance.
La passion, c'est aussi, pour le héros, la souffrance. La lecture du roman de Sophie est un délice qui vous laisse pantois.
Folio, 2004, 483 p.