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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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19 février 2008

Affaire terminée, j'arrive ! - Chapitre 11 (2)

(suite) - Jean :

Après cela, je devins pépiniériste. Nous avions reçu des camions d'arbustes, que nous avions d'abord mis en jauge, et qu'ensuite nous devions planter en alignement autour des nouvelles casernes. Nous entreprîmes cette tâche avec le plus grand sérieux, sans oublier de donner un grand coup de bêche, juste au-dessus des racines, puis avec un caillou, on tassait le bout recourbé afin que le contremaître puisse tirer dessus sans que ça vienne.
StalagJe suis devenu ensuite géomètre, adjoint à l'ingénieur qui devait implanter un nouveau camp. J'avais moi aussi mon adjoint, pour porter la hache à enfoncer les jalons et tenir le bout du décamètre. J'avais droit à ce poste de tout repos parce que je parlais et lisais (un peu) l'allemand, que je continuais d’apprendre. Depuis le début de ma capture, j'avais décidé d'apprendre cette langue. A toutes fins utiles, j'avais pu acheter tous les livres nécessaires et ça marchait assez bien - mis à part les déclinaisons, mais ça n'avait pas beaucoup d'importance - pour moi. J'ai débuté mes fonctions par une belle matinée, au milieu d'un champ de blés, hauts de 70 à 80 centimètres. L'ingénieur, muni d'une faux, me fit voir comment s'y prendre pour dégager les emplacements à marquer. Je n'avais jamais tenu une faux de ma vie, mais j'y allais de bon cœur, pour saccager la future récolte.
Puis arrive le dimanche 22 juin. La veille, nous avions vu passer des avions en rase-mottes en grand nombre, mais n'en avions rien conclu. Ce matin-là, nous sentons chez les allemands une agitation anormale. Tous les gardes sont énervés, nous formons le carré devant les baraques et, chose inhabituelle, nous voyons arriver le Capitaine du camp, suivi de son état-major. C'est un vieil officier de réserve, banquier de son état et pas trop mauvais garçon. Il a une gueule d'enterrement, aussi nous nous posons toutes sortes de questions. Il fait un bref discours, auquel nous ne comprenons rien, d'abord parce qu'il ne hurle pas, comme ils le font tous, et aussi parce qu'il a la voix étranglée, pour un peu on croirait qu'il va pleurer. Le traducteur prend la parole et nous explique que, depuis ce matin cinq heures, les troupes allemandes sont rentrées dans le chou des Russes, que ça va être une grande bataille, et que le capitaine compte sur nous pour que nous soyons tranquilles et bien disciplinés. Garde à vous, ... Rompez les rangs !
prisonniersStagardUne immense joie étouffée nous anime, car c'est la guerre sur deux fronts et Adolf sera un jour pris en tenaille. Pour nous, cela ne fait aucun doute, les commentaires vont bon train et le moral remonte au zénith. Pour autant, rien ne change dans nos habitudes.
A l'automne, nous partons pour Stagard, au nord de Berlin, redistribution des commandos.

Après un stage sur la voie ferrée, à tasser des cailloux, où j'attrape une violente dysenterie qui me conduit à l'hôpital pour quatre jours, je pars avec une vingtaine de copains pour Insel Riems.

 

P1130652

C'est une petite île de deux kilomètres de long sur à peine un de large, située à quelques encablures de la côte de la Baltique, sur laquelle est implanté un grand centre de recherche sur la fièvre aphteuse. Nous sommes très bien logés, des draps blancs très propres, de la paille fraiche à discrétion pour la paillasse. Quant à la nourriture, c'est un hôtel quatre étoiles, dans la catégorie PDG ! Nous avons, à volonté, du lait de première qualité et de la vraie viande tous les jours : un vrai paradis.Les copains me désignent comme chef de groupe et les deux sentinelles, comme secrétaire parce qu'ils ne savent ni lire ni écrire leur propre langue. Parmi nous, un prisonnier attire mon attention sur les listes que je détiens : Thorez. Je lui demande s'il a un lien de parenté avec le Secrétaire général du parti communiste. Il me dit qu'il est son frère, mais que lui ne fait pas de politique. Il est simplement secrétaire à la mairie de Villejuif ? Il est bien tranquille et ne tient pas à ce qu'on le remarque.

     - Et le boulot ? Alors là, c'est un drôle de boulot. Quand tous les copains sont à la pelle et à la pioche, je suis désigné pour aller aux laboratoires. Avant d'y pénétrer, je dois changer deux fois de vêtements et passer mes chaussures dans un bain désinfectant puis j'arrive en salle d'opérations. Là, j'aide à plaquer et à attacher, sur une planche verticale, une vache de belle taille. Quand elle est solidement arrimée avec des sangles, on la fait basculer, et à ce moment j'entre en action : avec un bon rasoir, je rase les poils au plus près, sur une bonne superficie, et c'est fini pour moi. Ces messieurs les vétérinaires font la saignée, et je regarde ... Quand tout est fini, je ramène la bête dans sa remise, laquelle est très finement et doublement grillagée, afin que les oiseaux ne viennent pas de l'extérieur picorer le fumier qui pourrait être contaminé. Et voilà mon travail, pas trop fatigant, pas trop dangereux et bien nourri. Cela pourrait durer.
Et pourtant, deux polonais d'un commando voisin s'apercevant que nous sommes ravitaillés en charbon par des voitures à chevaux venant du continent sur la glace épaisse d'un mètre environ, se sont évadés. Nous sommes inquiets à leur sujet, car dans la journée, le ciel est bas et rejoint la mer tout autour de nous, il n'y a aucun point de repère. Aussi décidons-nous de faire un grand feu sur le rivage, afin qu'ils puissent revenir s'ils se sentent en détresse. J'ai oublié de mentionner que nulle part il n'y a de barbelés et que nous pouvons ainsi aller où bon nous semble dans l'île. Toujours est-il que nous n'avons plus jamais entendu parler d'eux et que nous souhaitions de tout cœur qu'ils aient réussi, sans trop de difficultés.
Le temps passe, la santé se refait, mais aucune perspective de libération. Tous leurs bobards n'ont plus d'effet sur nous.


Aussi, je décide d'agir.

Entre-temps, j'ai écrit au Maréchal Pétain pour lui demander d'intervenir d'une manière ou d'une autre. Je lui signale en effet que pour mon commando qui ne compte qu'une vingtaine d'hommes, six sont informés de l'inconduite de leur femme : ils m'en ont fait la confidence. Deux semaines après cet envoi, arrive au camp un soldat venant du camp central et porteur d'une seule lettre. Elle m'est adressée. C'est la réponse, avec le cachet du Maréchal, m'assurant de toute sa sympathie et nous demandant d'être patients et courageux.

Tout le commando ayant appris cet événement cherche à savoir l'origine de cette réponse. Je ne leur en donne pas la raison. D'abord, sortir de cette ile, aller n'importe où mais quitter cette ile....

(à suivre)

Commentaires
M
il manquait la suite du chapitre 12. Je l'ai réintroduite, et là, je pense que les liens sont OK. Mille excuses à mes lecteurs !
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T
c'est réparé, merci ;)
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T
Marie-Pierre, je suis sous le charme...<br /> Mais la chaîne des articles est cassée ici, il manque un lien "à suivre" actif.<br /> Une bricole à réparer !<br /> A bien vite
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